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La faillite de l'évaluation des pesticides sur les abeilles

Le coupable est-il plutôt l'incompétence ou l'accumulation de conflits d'intérêts ? Impossible de trancher. Mais la question est désormais posée : comment des tests d'évaluation des risques pour l'abeille, notoirement déficients, ont-ils pu être utilisés pendant près de vingt ans pour homologuer les dernières générations d'insecticides ? Après avoir été autorisés depuis le début des années 1990, tous (Gaucho, Régent...) ont été au centre d'intenses polémiques avant d'être retirés, au moins partiellement, du marché... Le dernier en date, le Cruiser, vient d'être interdit par la France sur le colza, une décision attaquée par son fabricant, Syngenta. Cette défaillance est d'autant plus troublante que certains de ces tests d'évaluation ont été remis à jour en 2010, c'est-à-dire tout récemment. Leur mise en cause ne vient pas d'un rapport de Greenpeace ou des Amis de la Terre, mais d'un avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Jamais, sans doute, celle-ci n'aura endossé un document aussi embarrassant. Paru fin mai, ce texte technique de 275 pages est d'ailleurs passé à peu près totalement inaperçu...

Le CRUISER OSR est retiré du marché. Est-ce suffisant ?

Après l'annonce d'une probable interdiction du Cruiser OSR utilisé en enrobage de semence du colza, faite durant les élections présidentielles, la LPO se réjouit de constater que Le Ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, ait annoncé le 29 juin le retrait de son autorisation de mise sur le marché. Cependant, la LPO rappelle que la matière active concernée est le Thiaméthoxame (Cruiser), substance appartenant à la famille des néonicotinoïdes, tout comme l'imidaclopride (Gaucho). La LPO regrette en conséquence que ce ne soit pas la famille des néonicotinoïdes, présentant une toxicité semblable, qui soit en totalité retirée du marché. L'imidaclopride, par exemple, possède une toxicité équivalente à 7297 fois celle du DDT interdit en 1972 ! On trouvera par ailleurs, ci-joint, la carte de la contamination des eaux de surface par cette molécule.

Le Cruiser définitivement interdit en France

Fin de la polémique autour du Cruiser. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a annoncé vendredi 29 juin, l'interdiction définitive de ce pesticide sur le territoire français. En projet depuis début juin, la décision, a été prise suite à un avis de l'Anses (Agence sanitaire pour l'alimentation et l'environnement), sollicité par Bruno le Maire, prédécesseur de Stéphane Le Foll. Celui-ci a en effet mis en cause le thiaméthoxam, une des molécules du Cruiser OSR, utilisé dans la culture du colza, qui aurait un effet extrêmement néfaste sur les abeilles. Deux récentes études ont démontré que les insectes s’en trouvaient déboussolés et incapables de retrouver leur chemin vers la ruche. Le pesticide influerait jusqu’à leur capacité à trouver de la nourriture.

Le ministère de l'Agriculture se prononce pour l'interdiction du Cruiser

Le ministère de l'Agriculture s'est prononcé vendredi pour l'interdiction du pesticide Cruiser du groupe suisse Syngenta utilisé pour le colza et suspecté d'être néfaste pour les abeilles, ce qui pourrait déboucher sur une interdiction effective d'ici quelques semaines. "C'est super !", s'est exclamé le député PS Gérard Bapt, président du groupe santé environnementale dans l'Assemblée sortante, en apprenant cette décision, qui selon lui "tranche de manière bienvenue avec l'attentisme des ministres précédents, trop sensibles au lobby de l'industrie". "J'ai averti le groupe qui commercialise le Cruiser que j'envisageais de retirer l'approbation (l'autorisation, NDLR) de mise sur le marché", a déclaré le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll sur le perron du ministère, après avoir reçu un rapport de l'Anses qui démontre l'impact de ce produit sur la mortalité des abeilles. Le groupe suisse dispose maintenant d'un délai de 15 jours pour faire part de ses observations.

Le déclin des abeilles accéléré par les pesticides

Plus la recherche scientifique avance, moins il devient possible de contester la nocivité des pesticides sur l'environnement. Pour son rôle d'éclaireuse en territoire de plus en plus miné, l'abeille a déjà fait l'objet de nombreux travaux. Elle a droit cette fois à deux études publiées dans la revue Science du 29 mars, inédites par la technologie retenue et parce qu'elles ont l'une et l'autre opté pour des conditions réalistes plutôt que pour des expériences de laboratoire. Toutes deux soulignent l'impact des néonicotinoïdes - la famille d'insecticides la plus répandue dans le monde - sur les pollinisateurs. Diffusés à travers le nectar et le pollen des fleurs cultivées comme le maïs et le colza, ces produits chimiques agissent sur le système nerveux central des insectes.

De modèles toxicologiques simples à la prédiction d'effets toxiques dans le temps. Francisco Sànchez-Bayo, Ecotoxicology (2009). Traduction Christian Pacteau

"La prédiction des effets toxiques des produits chimiques sur les organismes est le premier but de l'écotxicologie" (Truhaut 1977). Les outils mathématiques autant que les critères retenues pour déterminer ces effets sont essentiels pour obtenir des prédictions. Or, la plupart du temps, ces prédictions sont des extrapolations de résultats d'expérimentations fondées sur des durées fixes. Ces prédictions n'ont malheureusement aucune valeur scientifique. Sànchez-Bayo montre dans son article que l'on peut pourtant, au travers d'expérimentations où les effets sont renseignés en fonction du temps d'exposition et en fonction de concentrations variées de produits chimiques, obtenir, en utilisant des outils mathématiques appropriés, des prédictions plus réalistes qui n'écartent pas les effets latents (ou à long terme).
Comme Henk Tennekes, Sànchez-Bayo apporte là une contribution essentielle qui devrait conduire à reconsidérer l'ensemble des procédures d'évaluation.

La toxicité dépendante du temps des néonicotinoïdes et d'autres toxiques, implications pour une nouvelle approche d'évaluation des risques. Henk A. Tennekes et Francisco Sànchez-Bayo, JEAT 2011 S:4. Traduction Christian Pacteau.

Dans le texte proposé, deux éminents toxicologues, doublés d'excellents mathématiciens, Henk A. TENNEKES hollandais, et Francisco SANCHEZ-BAYO australien, ont mis en commun leur compétence pour démontrer que les "Tests Standards", aujourd'hui en usage dans le domaine des travaux préalables à l'homologation des substances chimiques -en particulier des pesticides-, ne sont pas en mesure de définir des "niveaux sûrs d'exposition", tant pour les êtres humains que pour la biodiversité. Cette incapacité relève tant des points de vue "conceptuel que statistique". S'appuyant sur les travaux, anciens certes, de Haber d'une part, et de Druckrey (pharmacologue) et Küpfmüller (mathématicien) d'autre part, mais pourtant toujours d'une évidente actualité, ils démontrent d'un côté les failles des Tests Standards, de l'autre ils démontrent qu'un test, fondé sur une base conceptuelle et une pratique différentes, le test "Time-To-Event" ou TTE, "Temps-pour-un-Evènement", permet au contraire de prévoir les effets probables, au cours du temps, des substances sur les espèces non-cibles. Ainsi s'effondre le postulat (idéologique car jamais démontré) de l'innocuité des "faibles doses". Sous certaines conditions, résultant de l'interaction entre la substance et les récepteurs de l'organisme, plus le temps d'exposition s'allonge plus la dose totale reçue diminue pour produire un même effet. La substance est ainsi plus toxique à faible dose qu’à forte dose, le temps jouant ainsi un rôle majeur dans l’expression de la toxicité. Ce démenti scientifique formel infligé au postulat "d'un seuil d'innocuité" des faibles doses ouvrira-t-il les yeux des différentes Agences gouvernementales ? Si l’on souhaite assurer la sécurité des humains et l’avenir de la biodiversité il y a urgence !
Christian Pacteau

La nicotine-like effets du pesticide nouveau néonicotinoïdes chez le rat neurones du cervelet

L'imidaclopride (IMI) et l'acétamipride (ACE) appartiennent à la néonicotinoïdes, une nouvelle classe de pesticides, qui sont largement utilisés dans le monde pour protéger les cultures contre les insectes ravageurs et les animaux domestiques de puces. Ils agissent comme des agonistes des récepteurs nicotiniques de l'acétylcholine (nAChR) et leur toxicité sélective contre les insectes sont bien établis, tandis que leurs effets précis sur les nAChR mammifères restent à élucider. Des études antérieures ont rapporté que les néonicotinoïdes montrent des affinités faibles à l'ordre contre les différentes nAChR mammifère par dosage de liaison artificielle, ce qui est insuffisant pour la sécurité réelle. L'objectif de cette étude était de déterminer dans quelle mesure les néonicotinoïdes affecter le nAChR de rat neurones du cervelet, et de comparer leurs effets avec de la nicotine en utilisant in vitro excitateurs Ca afflux de dosage.

Cruiser 350 : le Conseil d'Etat donne raison aux apiculteurs

L'autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser 350 pour l'année 2010 a été annulée par le Conseil d'Etat le 3 octobre, suite à un recours de l'Unaf, l'Union nationale de l'apiculture française. Raison invoquée : le code rural prévoit des AMM pour une durée de dix ans, sauf hypothèses particulières qui ne concernent pas le traitement insecticide Cruiser 350.

Le Conseil d'Etat a jugé que le ministère en charge de l'Agriculture doit soit autoriser un produit pour dix ans si son innocuité est avérée, soit refuser l'autorisation. Donner une succession d'autorisations annuelles en stipulant qu'un réexamen complet du dossier est prévu en fin d'année est dès lors jugé contradictoire.

Une nouvelle donne dont se félicite l'Unaf, qui se bat depuis 2008 contre cet insecticide à base de thiamétoxam, qu'elle estime toxique pour les abeilles.
Syngenta s'est déclaré mardi "déçu" par la décision du Conseil d'Etat français, qui a annulé l'autorisation de mise sur le marché (AMM) du pesticide Cruiser 350 pour 2010, estimant que son insecticide n'était pas responsable de la mortalité des abeilles. "Syngenta est déçu par la décision (de lundi) du Conseil d'Etat d'annuler l'homologation du Cruiser 350 pour l'année 2010", a indiqué le numéro un mondial de l'agrochimie dans un communiqué. Selon le groupe, la décision du Conseil d'Etat "n'est pas basée sur un risque sanitaire pour les abeilles".

Les insecticides granulaires induiraient des changements importants chez les populations de certaines espèces d'oiseaux dans les terres agricoles des prairies

Nous avons cherché à savoir si les insecticides, lorsque utilisés sous forme granulaire et de façon intensive pour contrôler l'altise (Phyllotreta sp.) dans le colza (Brassica napus et B. napa), jouent un rôle dans le déclin des populations d'oiseaux des prairies canadiennes.